Le miel érectile, un nectar d’illusions

Gwendoline Casamata 27 janvier 2025

Et si un simple stick de miel pouvait augmenter la libido, traiter les problèmes d’érection et d’impuissance sexuelle chez les hommes, tout en faisant pousser les muscles ? C’est la promesse alléchante que vend le « miel érectile », un produit prétendument naturel qui fait fureur sur les réseaux sociaux et dans certaines épiceries nocturnes. Mais derrière cette douceur dorée se cache une réalité bien plus amère : la présence de substances interdites, similaires à celles du Viagra, pouvant entraîner des effets secondaires graves, voire mortels. Entre trafic clandestin, effets indésirables et enregistrements de saisies douanières, on fait le point sur l’univers troublant de ce miel aphrodisiaque qui fait tant parler de lui.

Une explosion des saisies

Ces petits sachets, vantant les vertus de plantes exotiques mystérieuses, sont devenus un véritable phénomène de société. Vendus sous des noms évocateurs comme Black Horse, Etu Max ou Bio Max et doté d’un packaging accrocheur, souvent noir et or, ces sachets magiques promettent des érections de fer et une libido boostée naturellement. Et la recette fait un carton !

L’importation illégale de ce miel prétendu miraculeux connaît une croissance fulgurante dans l’Hexagone. En 2024, les douanes françaises ont battu des records de saisies. Près de 14 tonnes de ce faux miel aphrodisiaque ont été interceptées à Marseille, soit un peu plus de 800 000 doses, prêtes à être écoulées en épiceries de nuit ou sur Internet. La progression est vertigineuse, comparée aux 131 saisies en 2023 et aux 18 en 2019. Importés en toute discrétion depuis la Malaisie, la Turquie ou la Thaïlande, ces sticks ne sont pas aussi naturels qu’ils le prétendent. Et la réalité est bien moins glamour. Pourtant, malgré ces registres de saisies, la tentation demeure.

Des effets secondaires loin d’être naturels

Pourquoi ? Car ce miel joue habilement sur l’image du naturel, se présentant comme un simple complément alimentaire à base de plantes, tout en dissimulant des substances médicamenteuses interdites. Et si les boîtes restent volontairement floues sur la composition, les analyses réalisées par les laboratoires douaniers sont, elles, sans appel. Ce miel contient des doses importantes de sildénafil, un principe actif du Viagra, et de tardalafil, un puissant vasodilatateur utilisé dans les traitements de dysfonctionnement érectile. Des composants qui, en plus d’être interdits à la vente libre, présentent des risques de santé majeurs lorsqu’ils sont consommés sans suivi médical.

Et la concentration est souvent bien supérieure à celle d’un comprimé classique ! Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ces sticks peuvent contenir jusqu’à 80 mg de substances actives, soit quatre fois la dose recommandée pour un comprimé de Viagra classique. Résultat ? Un risque sanitaire énorme pour ceux qui le consomment à l’aveugle. Les centres antipoison rapportent une augmentation inquiétante des cas liés à ce produit, certains ayant conduit à des complications médicales sérieuses. Les conséquences pour la santé peuvent être désastreuses, notamment pour ceux qui ignorent souffrir de pathologies sous-jacentes :

  • Risques cardiovasculaires graves : infarctus, AVC, hypertension sévère.
  • Effets secondaires aigus : vertiges, malaises, chutes de tension brutales.
  • Atteintes rénales et hépatiques, parfois irréversibles.
  • Convulsions, hémorragies pulmonaires et œdèmes cérébraux.

Comme l’explique le cardiologue Patrick Assyag au micro de TF1 : « Ces produits sont particulièrement dangereux pour les personnes cardiaques. Ils peuvent provoquer des infarctus ou des chutes de tension pouvant nécessiter une hospitalisation d’urgence. »

Un trafic risqué mais juteux

Malgré les risques pour la santé, le business du miel érectile continue de prospérer. Et pour cause : il est très lucratif. Des vendeurs peu scrupuleux, souvent des particuliers séduits par le gain facile, achètent ces produits en grande quantité pour les revendre sur les réseaux sociaux.

Le cas d’un étudiant en économie-gestion de Créteil, raconté par actu Paris, illustre cette nouvelle économie clandestine. Grâce à son site web baptisé La ruche aphrodisiaque, ​​il générait jusqu’à 4 500 euros par mois de revenus, avant d’être rattrapé par la justice et condamné à une amende de 15 000 euros, en plus de la fermeture de son commerce.

Pour TF1, Lou Le Guelvouit, responsable des douanes françaises confirme : « Les revendeurs sont souvent des jeunes attirés par des trafics moins risqués que la drogue, mais tout aussi rentables. » Le miel arrive par la voie maritime, dans des conteneurs en grande quantité, ou bien par le biais du fret express, en plus petit volume, à la suite d’achats sur le web.

Mais comment se prémunir contre ces faux produits miracles ? Pour éviter de tomber dans le piège, quelques indices doivent éveiller les soupçons :

  • Des promesses trop belles pour être vraies, comme « succès 100 % garanti ».
  • L’absence de mention des principes actifs sur l’emballage.
  • Un prix attractif, bien inférieur aux médicaments officiels prescrits en pharmacie.
  • Une origine floue, vendue sur des sites non réglementés ou via des épiceries de quartier.

Il est également recommandé de ne jamais acheter des produits aphrodisiaques hors circuit médical et de consulter un professionnel de santé, avant toute prise de compléments pour traiter un problème d’érection.

En fin de compte, ce miel érectile, vendu comme la solution miracle pour booster les performances sous la couette, laisse un goût amer. Derrière son apparence sucrée se cachent des dangers réels pour la santé, des substances interdites et un trafic clandestin qui ne cesse de croître. Alors, avant de succomber à la tentation, mieux vaut se rappeler que dans le monde du bien-être et des performances sexuelles, rien ne vaut un avis médical éclairé et des solutions éprouvées. Et si vraiment on aime le miel, mieux vaut le garder pour son infusion du soir plutôt que pour ses exploits nocturnes !

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