Sex dolls : les nouvelles compagnes de vie ?

La rédaction 27 octobre 2022

Les Sex dolls ont investi le marché du sexe. Elles sont considérées par certains comme un rempart à la solitude mais pour d’autres, un danger pour la femme.

sex dolls fantasmes desirs poupee

Depuis l’Antiquité les hommes ont toujours cherché des moyens pour façonner leur objet de fantasme. Le mythe de Pygmallion en est la preuve avec la création d’une femme sculptée en terre à la demande de Zeus, lui même. C’est seulement à partir du 17ème siècle que les hommes se sont mis à fabriquer des femmes pour de réels rapports sexuels. Pour les marins, esseulés en mer pendant plusieurs mois, ce sont les « dames de voyage », des poupées grandeur nature fabriquées à base de tissu, qui leur tiennent compagnie. Légères, malléables, mais surtout un nid à maladies vénériennes que se partagent plusieurs marins.

En 1908, les poupées deviennent gonflables, avec des modèles pour hommes mais aussi pour femmes. À base de caoutchouc et de plastique, ces poupées comportent de belles avancées technologiques, comme la simulation de sécrétions vaginales ou de l’éjaculation via un tube pneumatique rempli d’huile. En France, on ne trouvait ces poupées que dans le Paris underground.

C’est seulement dans les années 90 que les premières Sex Dolls voient le jour. Un artiste californien, Matt McMullen, s’est mis à réaliser des poupée ultra réalistes. Le rendu de ses créations s’avérait tellement bluffant que de nombreuses demandes lui sont parvenues à travers le monde. Un grand nombre de ces demandes portaient sur l’anatomie de ses mannequins féminins.

Les Sex Dolls : des partenaires comme les autres ?

Cette année, deux chercheurs de l’Université de Duisbourg en Allemagne, Jeanne C. Desbuleux et Johannes Fuss, se sont intéressés aux rapports qu’entretiennent 217 propriétaires de Sex Dolls avec leur poupée sexuelle. L’étude prend la forme d’un questionnaire dans lequel les propriétaires répondent par « négatif » ou « affirmatif ». Le constat est sans appel, près de la moitié d’entre eux voient en elles, la femme idéale. Les propriétaires sont également plus susceptibles d’être d’accord avec des affirmations telles que « Je suis amoureux de ma poupée »« Avoir une poupée sexuelle a amélioré ma santé mentale » et « J’utilise des poupées parce que je trouve le corps de mes partenaires sexuels humains potentiels moins attrayant ».

Les deux chercheurs expliquent que ces poupées n’ont pas pour vocation à remplacer les femmes mais qu’elles sont un rempart à la solitude. C’est en tout cas ce qu’explique Yuri Tolochko, propriétaire de deux Sex Dolls. Pour lui, ces poupées permettraient d’assouvir des fantasmes et des besoins sexuelles impossibles à réaliser avec une femme en chair et en os. Si ces poupées ne sont que des bouts de plastiques et de silicones, comment ne pas faire l’amalgame entre l’imaginaire et la réalité ?

Les Sex Dolls : une image erronée de la femme ?

Selon l’étude, 70% déclarent que les poupées sexuelles n’ont pas changé leur image de la gent féminine contre 2,3% qui affirment qu’elles ont eu un impact négatif. Toutefois, 10% des répondants disent moins s’intéresser aux vraies femmes depuis qu’ils se servent de Sex Dolls. Agnès Girard, anthropologue et auteure du livre « Un désir d’humain. Les Love Doll au Japon » explique que les propriétaires de ces poupées savent faire la différence entre leur partenaire inanimée et une véritable femme. Ces Sex Dolls sont l’inverses de la gent féminine et c’est justement ce que recherchent les acheteurs. Des partenaires sans sentiments ni expression. Elles n’ont aucun avis et n’ont aucune réflexion intellectuelle sur ce qui les entourent.

La dérive pourrait venir des maisons closes qui ont fait leur apparition au Japon en 2003. Et si pour Agnès Girard, leur « bide » était à prévoir, cela pose tout de même une réelle question de la conception que l’on peut avoir des femmes. Certains utilisent l’argument de l’esclavage sexuel pour défendre les maisons closes de poupées. Le fait de remplacer les femmes par des Sex Dolls, permettrait de faire disparaitre la prostitution. Mais sommes-nous sûr que les travailleuse du sexe peuvent être remplacées au pied levé par des poupées siliconées ? Depuis 2015 « Compaign against sex robots » lutte contre la normalisation de ces relations « poupée-humain ».

Les Sex Dolls viennent avant tout combler un manque et un désir sexuel chez leurs propriétaires avec un réalisme de plus en plus bluffant depuis l’apparition de l’IA.

A lire aussi :

Poupées sexuelles : jusqu’où le fantasme peut-il aller ?

Houston, on a un problème de poupées prostituées !

« Robotsexuelle » : elle veut se marier avec son robot !


Réagir à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

interstron.ru