Les clés de la jouissance… Vous les avez ?

Antoine 23 juillet 2015

Votre corps, vous le connaissez, n’est-ce pas? Évidemment, évidemment… Oui mais, avez-vous déjà pensé à votre respiration? Savez-vous vraiment vous masturber? Et la zone G, c’est où? Les Français, amoureux par définition, ne seraient pas toujours si bien informés sur le plaisir qu’ils le croient.

Il y a toute une poésie autour de l’anatomie sexuelle. Prenons la vulve, par exemple : en haut, on trouve le mont de Vénus, mieux connu sous son appellation de pubis. Le « coussin graisseux » -c’est tout de suite moins poétique- est recouvert de la toison pubienne pour les femmes qui ne sont pas adeptes de cette mode initialement venue de l’Orient et popularisée par les films X, l’épilation intégrale. On sait maintenant que cette région est très sensible chez certaines femmes pour qui il s’agit d’une zone érogène à part entière.

En descendant de la montagne, on trouve la plus délicieuse des béances, le vagin et ses nymphes (les petites lèvres) encadrée par les grandes lèvres, dont les amants attentionnés connaissent bien la réactivité. Côté ventre, le capuchon vient border l’organe central du plaisir féminin, le clitoris. Il est toujours bon de noter que cette proéminence, qui en apparence mesure moins d’un centimètre, a en vérité les proverbiales propriétés de l’iceberg : on n’en voit que le sommet. Mais il aura fallu attendre le 21ème siècle pour constater que les « bras clitoridiens », un réseau complexe sous les grandes lèvres, mesurent réellement 9 cm. C’est le seul organe du corps humain qui est entièrement dédié au plaisir. Dans cette petite boule de nerfs, on ne dénombre pas moins de 8.000 terminaisons nerveuses, presque trois fois plus qu’au bout de notre index ! On comprend mieux que 54% des Françaises se déclarent exclusivement clitoridiennes… Et pourtant une théorie récente suggère que ce serait aussi la pression exercée pendant le coït sur tous les organes sexuels de la femme qui contribuerait à l’orgasme. On parle à présent non plus de point G, mais de zone G ou, plus scientifiquement, de « complexe CUV » (clitoro/urethro/vaginal). Les ramifications nerveuses sont immenses et leur cartographie n’est pas terminée. Ceci expliquerait aussi pourquoi la stimulation de la paroi antérieure à l’intérieur de la vulve (à un demi doigt de l’entrée environ) soit une technique aussi radicale pour amener les femmes à la jouissance. Alors, Madame est-elle clitoridienne ou vaginale ? Souvent les deux mon Général, et plus encore !

« The Pelvis »

Mais comme chacun sait, on aurait tort de réduire la jouissance féminine à la vulve. Les tétons, les fesses, l’anus… Le corps entier est un terrain de jeu, un véritable piano à sensations. Cependant, celui qu’on a trop souvent tendance à négliger, c’est le bassin. Le grand « King » du rock’n’roll l’avait compris et en faisait si bien la démonstration sur scène qu’il a hérité dès le début de sa carrière le surnom « Elvis the pelvis ». Bien loin de le plonger immédiatement dans l’oubli, ce qu’auraient sûrement préféré ceux qui lui avaient concocté ce petit sobriquet scandaleux pour l’époque, il a évidemment contribué à sa renommée. Résultat, les femmes affluaient pour admirer ses mouvements si souples, si suggestifs. Elvis avait tout compris : le sexe, c’est le bassin. Belle intuition, car tous les sexologues s’accordent à le dire : il s’agit d’un véritable accélérateur de jouissance pour les hommes comme pour les femmes. « Nous travaillons beaucoup sur la musculation amoureuse avec mes patients, nous confie la sexothérapeute Nathalie Giraud, les exercices de rotation du bassin sont très importants et permettent une meilleure fluidité, donc plus de plaisir. L’immense avantage de ces exercices, c’est qu’on peut les faire en prenant les transports ou en parlant avec quelqu’un. On resserre, on relâche et ainsi de suite. » Pour les patients en rupture avec leurs sensations, le chemin du retour au plaisir est parfois délicat, mais la sex coach a un premier geste tout simple à conseiller : « Il suffit que la personne place une main au niveau du pubis et l’autre main en coupe sous le périnée pour reprendre conscience de cette zone. On peut même le faire tout habillé. Ainsi, on se réapproprie son corps. » Elle invite également les hommes en difficulté à se masser le périnée avec une balle de tennis ou de golf pour le retendre et le re-sexualiser. « Eh oui, les muscles releveurs de l’anus jouent un rôle central aussi bien dans la jouissance des hommes, que celle des femmes ! »

Soufflez un peu

On jouit de tout son corps, l’orgasme est un événement multifactoriel, les clés du plaisir sont multiples, cachées, enfouies. La quête est parfois longue et elle ne s’arrête jamais. Qui penserait, par exemple, que le souffle tient une place cruciale dans notre parcours orgasmique ? « La respiration aide à se recentrer sur soi, sur son corps, à évacuer le mental. C’est comme dans le tantra ou la méditation, le souffle est la clé. » Insiste Nathalie Giraud. Le souffle est un grand geste, originel, premier. Il nous calme, il met nos inquiétudes en déroute. C’est la touche « pause » du monde extérieur. Comme une mise en condition, un prérequis à la jouissance. On inspire, puis on expire tous les tracas. Pour vaincre l’éjaculation précoce les exercices de souffle sont très courants en sexothérapie, mais tout le monde peut améliorer son potentiel orgasmique en travaillant avec ses poumons.

Sensationnels et mystérieux

Entrer en comminterstron.ru avec soi-même demeure finalement l’objectif majeur de la sexothérapie. Pour être bien en compagnie de l’autre, il faut déjà trouver la paix intérieure. « Si on demande à un homme s’il sait se masturber, ils répondra spontanément oui dans la plupart des cas, car le but peut paraître simple : atteindre une éjaculation rapide. Mais si on change cet objectif, si on lui demande de faire durer le plaisir, de changer de technique masturbatoire… Alors quoi ? » Questionne malicieusement Nathalie Giraud. La palette des sensations sexuelles est infinie et ne fait que croître ou muter avec l’âge, il faut donc l’enrichir. On pense peut-être trop peu à la qualité de notre jouissance, à la montée du désir. « Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier. » Nous disait Georges Clémenceau, ce grand jouisseur devant l’Éternel. Et il n’avait pas tort. Surtout, en proférant cette belle évidence, il nous mettait sur une piste : la sexualité est un mystère protéiforme et chacun trouve midi à sa porte.

La clairière intérieure

Quoi qu’il en soit, pour notre sex coach, il s’agit avant tout de « faire circuler l’énergie. Si un homme fait un cunnilingus sans grande conviction, s’il n’est pas dedans, la femme va le sentir instantanément et elle va décrocher. On ressent avec son corps pas avec sa tête ! » Aussi, il faut savoir se donner du temps pour soi, afin de se sentir aussi sensuel que possible. Mais en couple, il faut également se donner du temps à deux et pas seulement pour faire l’amour, parfois juste pour un câlin, rien de plus, en toute gratuité. « Pour certaines femmes, le simple fait de se passer du lait sur le corps va permettre d’entrer dans une situation sensuelle. L’odeur, le toucher, la douceur… C’est aussi ça la jouissance, savoir se retrouver. Pour d’autres, ce sera un rayon de soleil en terrasse ou une bonne douche chaude… L’ocytocine est l’hormone de l’attachement, il faut la faire circuler dans le corps. » Suggère la sexothérapeute. « Certaines patientes estiment qu’elles sont un bon coup, mais paradoxalement elles ont du mal à prendre du plaisir. Elles sont trop tournées vers leur partenaire et elles s’aliènent d’elles-mêmes. Elles doivent redevenir disponibles pour elles-mêmes. » On le voit, la sensualité est un travail de tous les instants et il arrive qu’on se trouve dans une impasse… Heureusement, dans ce grand terrain de jeu, on peut aller presque partout, il suffit parfois de faire demi-tour pour trouver une clairière ensoleillée au milieu des bois !


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