Petite histoire du candaulisme
1 juillet 2016Les cocus ont bien de la chance ! Venue du fond des âges jusqu’à aujourd’hui, la pratique a ses codes et ses limites. Ils sont souvent tacites, parfois clairement établis. Pour mieux comprendre cette belle façon de faire l’amour à plusieurs, voici une histoire sur l’origine de la pratique.
Pauvre roi Candaule ! L’histoire ne lui aura décidément pas rendu hommage. Ce souverain qui a régné sur la Lydie huit siècles avant notre ère n’aura laissé son nom qu’à une pratique sexuelle… Mais après tout on pourrait trouver cela charmant, et c’est bien là le moindre mal que l’homme a enduré, car selon la légende, il a été tué pour l’amour un peu trop démonstratif qu’il portait à sa femme.
Voici sa sale histoire. Candaule trouvait son épouse magnifique. Mais non content de le savoir, il voulait qu’on partage son avis à tout prix. Alors, il a demandé à son fidèle garde du corps Gygès de se dissimuler dans un coin de leur chambre à l’heure du coucher, lorsque la belle se déshabillerait pour aller rejoindre le bon roi au lit. Gygès a d’abord essayé de se défiler, sentant le drame arriver « mais non messire, voyons… Vous n’y pensez pas… » Que nenni, Candaule n’a rien voulu entendre, et Gygès a donc dû s’exécuter.
À la nuit venue il a pris place derrière la porte, tandis que le roi attendait sa belle. La reine est entrée, elle a retiré ses vêtements un à un sous le regard probablement angoissé et envieux du garde du corps. Mais quand ce dernier a essayé de se faufiler hors de la pièce comme convenu, après avoir dûment constaté les dires du roi, la royale épouse l’a aperçu du coin de l’œil.
Elle n’en a rien dit et s’est contentée de se coucher, gardant son outrage par-devers elle. Mais elle n’a rien oublié pendant son sommeil. Le lendemain, elle est venue trouver Gygès et lui a proposé le marché suivant : le garde du corps avait le choix d’être exécuté pour laver l’affront d’avoir reluqué sa souveraine dans le plus simple appareil ou bien d’assassiner le roi en plein sommeil et de prendre sa place sur le trône. Le pauvre homme dut à nouveau essayer de convaincre une tête couronnée d’abandonner avant qu’il ne soit trop tard, mais la reine ne voulut rien entendre non plus… Il fit alors le choix de la conservation et se résolut à tuer Candaule.
Le soir même, Gygès reprit son poste d’observation derrière la porte de la chambrée royale et attendit que le roi dorme, puis il le poignarda à mort. Gygès devint roi à la place Candaule et régna pendant trente-huit ans ! C’est du moins ainsi qu’Hérodote a raconté l’histoire qui a traversé les âges.
Candauliste, Candaule ? Pas forcément.
Finalement, l’image qu’a laissée la triste aventure de Candaule ne plairait pas nécessairement à celle que se font les candaulistes de leur propre pratique. Notamment en ce qui concerne le dénouement. Et pourtant cette façon de s’aimer en jouant les maris cocus sans notion d’humiliation, mais plutôt dans un esprit de partage, a pour point de départ une même admiration de l’être aimé… À ceci près que le candauliste moderne ressent surtout une envie profonde de procurer absolument tout à sa/son partenaire par passion.
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