Comment surmonter l’inceste ?

La rédaction 25 septembre 2021

« J’ai été victime d’inceste de 9 ans à 15 ans. Mon père avait une manière très subtile de faire. Il ne me forçait pas. Au début, il se contentait de me caresser le soir. Il m’a aussi initiée au plaisir du cunnilingus. Je dois dire, et c’est cela le plus terrible, que j’y prenais du plaisir. Je m’en veux terriblement ! Un jour, j’ai découvert que tous les pères ne faisaient pas cela. Le soir, je faisais semblant de dormir, mais il venait quand même. Il me disait que tous les hommes ne savaient pas s’y prendre, et que les pères devaient l’apprendre à leurs filles. Il me demandait de sucer son sexe, mais j’ai toujours refusé. Il me poussait à le masturber mais il ne m’a jamais contrainte à être pénétrée. Il voulait juste me donner du plaisir. Cela me bloquait, je me forçais donc à ne jouir qu’une seule fois. Je savais que c’était mal que je jouisse, alors je ne voulais pas que ça recommence. Aujourd’hui, c’est pareil avec mon mari, et je voudrais savoir comment passer ce cap. Quand je jouissais avec mon père, je m’empressais d’aller faire pipi après. J’avais la sensation de nettoyer cette jouissance avec de l’acide. J’étais persuadée que cela me purifiait. C’est un tic que j’ai toujours aujourd’hui. Ces derniers temps, mon mari a réussi à me faire comprendre que jouir plusieurs fois est sain et normal, mais je n’y arrive toujours pas. »

Se faire aider pour avancer

Si vous avez le sentiment profond que l’impact de ce passé est trop lourd à porter seule, je vous conseille vivement de vous confier à un psychothérapeute. Ce médecin vous aidera à travailler sur votre sentiment de culpabilité et à vous en défaire. Vous pouvez également vous adresser à SOS viols, au 0 800 05 95 95 (appel anonyme et gratuit depuis un poste fixe). Il est évident que les événements subis et répétés pendant votre enfance ont laissé des traces difficiles à évacuer, dont ce sentiment de culpabilité qui vous pénalise dans vos rapports sexuels.

Il n’est pas de votre responsabilité de vous en vouloir pour ce que votre père a fait. Mais vous ne pouvez pas continuer à subir, même aux travers des souvenirs, cette période beaucoup trop longue et injuste.

Traiter les souvenirs passés et vivre son présent

Un psychothérapeute vous aidera à vous « reconstruire » et à dissocier passé et présent. Certaines personnes y arrivent d’elles-mêmes, malgré des drames terribles (viol, abandon, meurtre d’un parent) vécus durant l’enfance. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnic appelle cela la « résilience ». Je vous conseille fortement son dernier livre qui porte justement sur ce thème : « Un merveilleux malheur », éd. Odile Jacob, 238 p., 19,82 €.

Clarifions enfin quelques points sur la jouissance féminine ou masculine. Il n’y a rien d’anormal ou de malsain à jouir plusieurs fois de suite, mais il n’est pas non plus anormal qu’une femme ou un homme ne jouisse qu’une seule fois. Il ne faut donc pas vous mettre en tête que vous devez absolument avoir plusieurs orgasmes au cours d’une relation sexuelle. Cessez de cultiver toutes ces pressions qui pèsent sur vos épaules.

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