Comment assumer de me travestir alors que je ne suis pas homosexuel ?

25 mars 2015

Je me prénomme Michel et je suis suivi par un psychiatre pour des problèmes récurrents de troubles obsessionnels compulsifs. Ma maladie m’empêche d’avoir une vie sociale normale, et la solitude est souvent pesante. Je vous écris parce que j’ai besoin d’éclaircir certaines facettes de ma sexualité. Je suis attiré par les vêtements et les sous-vêtements féminins, surtout s’ils sont très sexy. Je me considère comme fétichiste car le fait de les toucher et de les porter génère chez moi une très vive excitation. Le simple fait de me regarder entièrement travesti dans le miroir, m’imaginant à la merci d’une dominatrice ou d’un dominateur, m’excite au plus haut point. Mais sitôt l’orgasme atteint, je ressens un mélange de honte et de mal-être. Alors je quitte aussitôt mon déguisement pour reprendre l’apparence d’un homme. Viennent ensuite les ruminations et les remords… Je ne me sens pas normal. J’ai pourtant une sexualité hétéro et je ne me sens pas attiré par les hommes. Sauf, je dois l’avouer, par les transsexuels. Parallèlement à tout cela, paradoxe des paradoxes, je voue depuis plusieurs années un amour sans bornes au culte du corps et à la musculation en général. Je pratique ce sport quatre fois par semaine. Il se trouve que j’étais un adolescent complexé par une silhouette chétive. Je compte sur votre aide et votre discernement pour trouver des explications à mes penchants, ce qui m’aidera probablement à me déculpabiliser et à assumer mes orientations. Tout ceci me fait souffrir et me tourmente.

ll est vrai que les humains sont plein de paradoxes, et vous décrivez avec beaucoup de justesse et sensibilité ceux qui vous concernent. La sexualité des adultes s’établit sur des bases constituées dans l’enfance et dans l’adolescence. il me semble que vous l’avez déjà compris de vous-même. Votre courrier évoque un certain nombre de pistes pouvant expliquer les contradictions et les tendances dont vous parlez. Alors que vous étiez un garçon, c’est-à-dire un être pourvu d’un pénis, votre apparence chétive vous empêchait de vous identifier complètement aux canons de la virilité, c’est-à-dire à ces mâles grands, forts et musclés que l’on présente comme de « vrais » hommes. D’une certaine façon, vous étiez, à cet âge, plutôt du côté des filles, en tout cas en ce qui concerne la silhouette, alors que votre organe sexuel et vos hormones vous mettaient dans la case des garçons. On peut penser, de ce fait, que vos émois sexuels étaient provoqués (comme chez tous les ados) essentiellement par les notes les plus sexy de la gent féminine, d’où cet intérêt marqué pour les vêtements et sous-vêtements qui correspondent à ces critères. Il y a déjà là une dualité en soi qui pourrait expliquer que vous ayez envie de vous habiller en femme, tout en jouissant de votre sexe d’homme, réalisant alors les deux pulsions de votre jeune âge, être à la fois un homme et une femme. Cela pourrait expliquer également votre besoin de développer vos muscles par une pratique régulière. Pour autant, tous les adolescents maigrichons ne deviennent pas fétichistes. Il faudrait donc chercher un peu plus du côté du contexte de la petite enfance, de l’éducation et de l’environnement familial pour avoir une idée plus complète de la situation. C’est ce que cherche une psychothérapie, mettre en évidence les éléments en cause afin de mieux comprendre, s’accepter soi-même sans honte, et évoluer vers un mieux-être toujours plus confortable. Sans doute devriez-vous en parler au psychiatre qui vous suit et lui demander son aide. Il est peut-être nécessaire en effet de compléter l’approche comportementale par une approche plus classique, soit directement avec lui, soit avec un autre praticien.


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