Le Gooning, une exploration audacieuse

Gwendoline Casamata 25 novembre 2024

Depuis quelques années, Internet est le théâtre de discussions de plus en plus ouvertes sur la sexualité et l’intimité. Parmi ces tendances, une pratique masturbatoire baptisée « gooning » suscite curiosité et débats. Étonnante, intrigante et parfois controversée, elle mêle exploration du plaisir prolongé et fascination pour des états modifiés de conscience. Coup de projecteur sur cette technique, dont les recherches Google ont bondi de 778 % ces cinq dernières années.

Qu’est-ce que le Gooning ?

Le terme trouve son origine dans l’argot anglophone et fait référence à une expression faciale béate, caractéristique des moments d’intense plaisir ou d’extase prolongée. Concrètement, c’est une pratique masturbatoire où l’objectif n’est pas d’atteindre l’orgasme rapidement, mais de maintenir l’état d’excitation sexuelle aussi longtemps que possible. Pour le magazine Têtu un adepte témoigne même de session pouvant atteindre les 6 heures !

La société moderne valorise souvent l’efficacité, y compris dans la sexualité. Le gooning, à l’inverse, invite à ralentir et à savourer chaque étape du plaisir. Selon Alexandra Hubin, sexologue et fondatrice de Sexo Positive, « c’est une masturbation où l’on va vraiment jouer sur les prolongations ». C’est un voyage où l’exploration du corps prime sur l’atteinte de l’orgasme. Véritable cheminement sensoriel, la pratique permet de découvrir de nouvelles zones érogènes et de vivre des sensations plus riches.

L’idée est de se perdre dans cette sensation, jusqu’à entrer dans une sorte de transe. Les adeptes caractérisent souvent cet état comme une combinaison de plaisir physique et de perte totale de conscience du temps et de l’environnement. Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’une activité sexuelle, mais d’une expérience immersive et méditative.

Une Pratique Amplifiée par Internet

Le Gooning n’est pas une pratique récente, mais il a gagné en visibilité grâce à Internet. Sur des plateformes comme Reddit, Twitter ou Tumblr, des communautés se sont formées pour partager des témoignages, des conseils et des vidéos. Les hashtags dédiés, comme #gooning ou #edging (qui désignent le contrôle de l’orgasme), comptent des milliers de publications. Ce partage d’expériences sur les réseaux sociaux renforce le sentiment d’appartenance à une communauté d’initiés et contribue à populariser la pratique.

Grâce à l’omniprésence des vidéos érotiques en ligne, les amateurs disposent d’une quantité infinie de stimuli. Ces contenus permettent de maintenir un niveau d’excitation constant sur de longues périodes. Dans un monde où la recherche d’intensité est omniprésente, l’exercice s’inscrit dans une quête d’expériences sensorielles inédites, loin des objectifs classiques de performance ou de rapidité.

Une pratique controversée

Mais le gooning n’est pas sans controverse. Sa pratique prolongée peut provoquer une frustration accumulée chez certaines personnes ou un détachement du plaisir partagé. L’utilisation excessive de supports comme le porno peut créer une dépendance au stimulus visuel, au détriment d’une stimulation corporelle naturelle. Comme pour toute pratique solitaire intensifiée, un excès de gooning pourrait entraîner une désocialisation ou une perte d’intérêt pour des relations sexuelles réelles. Une stimulation excessive, notamment sur des périodes très longues, peut même provoquer des irritations ou des douleurs sur le membre sollicité.

Certains adeptes intègrent l’exercice à des pratiques plus élaborées. Dans le cadre du BDSM, par exemple, il peut être utilisé pour intensifier la dynamique entre dominant et soumis. Ness Cooper, sexologue, explique dans Metro que cette technique est parfois employée pour accentuer l’humiliation du soumis, ajoutant une dimension psychologique au plaisir physique.

À une époque où les limites de l’intimité sont constamment redéfinies, le gooning reflète un désir de ralentir, d’explorer et de redécouvrir le plaisir de manière prolongée et introspective. Si cette pratique intrigue autant, c’est parce qu’elle soulève des questions sur notre rapport au corps, à la sexualité et à la quête incessante de sensations fortes.

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