Confidences d’un sexologue [3/3]

Antoine 29 mai 2015

Quels sont les secrets du couple heureux ? Le polyamour existe-t-il vraiment ? Le point G est-il juste une mode ? Autant de questions que nous avons posées au célèbre amourologue, Gérard Leleu. Entretien fleuve en trois épisodes [3/3].

interstron.ru : Vous déclarez que vous n’êtes pas pour le polyamour dans l’ouvrage, pourquoi ?

Gérard Leleu : À vrai dire, je ne suis ni pour, ni contre. En revanche, je crois que le polyamour n’est qu’une phase dans la vie. Je ne comprends pas qu’on prétende que c’est facile à vivre. C’est faux. La jalousie vient toujours s’installer et c’est bien normal. C’est la jalousie pathologique qui est anormale. Vous savez, les recherches en psychologie sociale indiquent que nous avons, en moyenne, trois couples dans notre vie. Le polyamour, ce sont les transitions.

Les femmes, que vous appelez nos « maîtresses », connaissent-elles mieux l’amour que les hommes ?

Sur le plan de la relation et des sentiments, elles sont plus versées que les hommes dans la connaissance psychologique. Elles sont plus dans la finesse et elles aiment parler. En consultation, les femmes se plaignent fréquemment que les hommes ne les écoutent pas. C’est ce manque précis qui provoque huit divorces sur dix. Les femmes sont meilleures que nous les hommes dans ce domaine. D’ailleurs, on le voit très bien au début d’une relation amoureuse, pendant cette période où l’on communique beaucoup : les hommes qui tombent amoureux se laissent souvent mener par le bout du nez !

Vous décrivez le cas de Monique dans le livre. Elle vient se plaindre que son homme ne trouve pas le point G. C’est un signe des temps ?

 Le point G, c’est à la mode depuis une trentaine d’années, alors il faut en avoir un. Les hommes reprochent parfois aux femmes de ne pas en avoir et les femmes leurs reprochent de ne pas le trouver. C’est effectivement devenu un casus belli récurrent. Je dirais qu’il s’agit d’une fausse querelle. Nous avons tout le corps à explorer, il n’y a pas que le point G ! On s’inquiète trop à propos de la quantité de plaisir et pas assez de sa qualité. Il y a tout un nuancier à la qualité du plaisir.

Parlons de la peau. Vous êtes un grand tactile, n’est-ce pas ?

 Je ne vous apprends rien en disant qu’en matière d’affection, le langage non-verbal revêt une immense importance. On ne se comprend jamais aussi bien que dans l’affection et dans le plaisir. La volupté a un impact sur l’angoisse, la tristesse, l’humeur. Le geste de toucher quelqu’un marque la sollicitude et apaise les troubles psychiques qui nous traversent : « Si je suis touché, c’est que j’en vaux la peine et que je ne suis pas seul. »

Vous évoquez tacitement l’épigénétique lorsque vous parlez du fardeau de névroses dont nous écopons d’une génération à l’autre. Avez-vous délivré vos successeurs des névroses de vos aïeux ?

 Ma vie professionnelle se compose de deux parties. Premièrement, ma vie d’urgentiste en réanimation où j’ai sauvé beaucoup de gens d’une mort certaine. On ne m’a jamais remercié, car je faisais simplement mon travail, comme le facteur ou le plombier. Dans la deuxième partie, en tant que psychothérapeute, j’ai peut-être délivré certaines personnes, mais on ne sait jamais si les gens sont vraiment sauvés ou guéris.

Concernant le plan personnel, j’espère avoir refilé moins de névroses à mes filles que ce que mes parents m’ont refilé ! Mais vous savez, je n’en veux pas à la génération qui m’a précédé. Ils avaient une vie bien dure pendant la guerre et la tendresse était un objectif très difficile à atteindre.

Pour finir, nous avons remarqué que vous employiez parfois le mot « destin » dans votre ouvrage pour remplacer le mot « Dieu ». Vous n’êtes plus croyant ?

 J’ai effectivement un passé de catholique. J’ai cru et été pratiquant jusqu’à il y a deux ans, lors de l’annonce de mon cancer de la prostate. À présent, je ne dis plus « je crois », mais « j’espère ».

, un ouvrage de Gérard Leleu, éditions Leduc, 19,90€.

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