Octavie Delvaux : Les mots du plaisir
22 juin 2017À 38 ans, Octavie Delvaux est déjà l’auteure de plusieurs romans érotiques et guides sexo ainsi que de nombreuses nouvelles publiées chez La Musardine. Cette amoureuse des mots (mais pas que), apporte indéniablement un agréable souffle de fraîcheur dans un genre, la littérature érotico/porno où les femmes, hélas, sont peu nombreuses. Son dernier ouvrage, Osez 50 scénarios SM, nous entraîne dans un domaine qu’elle connaît très bien.
interstron.ru : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire du « sexe » ?
La frustration ! La frustration de n’avoir jamais trouvé dans la littérature moderne ou dans les publications érotiques une manière d’aborder ce sujet et de raconter des histoires pouvant avoir un écho en moi, me faire rêver, fantasmer. J’ai toujours été assez déçue par ce que je lisais dans ce domaine, alors que c’était un genre qui m’attirait beaucoup. Il y a peu de femmes écrivaines, également, écrivant des choses un peu osées. J’ai cherché, je n’ai pas trouvé, alors j’ai écrit. Et écrire, c’est un peu être lectrice de soi-même.
Trouvez-vous qu’il y a une différence entre une écriture masculine et une écriture féminine dans ce domaine ?
Oui, complètement ! Ce n’est pas du tout le fait que les hommes puissent être plus hard et les femmes plus soft, ça c’est totalement faux, mais plutôt dans la progression du désir et de l’excitation avant d’en arriver à l’acte. Chez les hommes, c’est plus rapide et direct. Chez les femmes, il y a plus de lenteur, plus de jeu, plus de séduction…
Plus d’imaginaire ?
Oui, sans doute plus de cérébralité. Mais pour le reste, nous aussi, nous pouvons être très crues pour aborder des thèmes assez hard.
Dans ce que vous écrivez, il y a une grosse partie de vécu ?
Oui, bien sûr, il y a toujours une partie de soi-même lorsque l’on écrit un roman érotique ou une nouvelle. Les situations peuvent avoir été réellement vécues ou bien tout simplement fantasmer. Dans chaque héroïne, il y a toujours un peu de soi. C’est de la fiction, mélangée à la réalité.
Comment dresser son mari, 50 scénarios SM… Le BDSM, c’est votre univers ?
Oui, tout à fait ! J’ai découvert mon attirance pour le SM, il y a très longtemps. J’ai vite senti que le rôle de femme dominatrice me correspondait très bien, que ce soit avec un homme ou avec une femme. J’ai eu des soumis, des soumises… Le BDSM est un univers qui ouvre un éventail énorme de possibilités de plaisirs. Les pratiques sont très nombreuses et variées. Il y a le SM proprement dit, le fétichisme, le bondage et le Shibari, la scénarisation des relations… C’est aussi un univers très riche pour l’écriture.
Vous vous êtes fixée des limites dans vos récits ?
Je ne me fixe aucune limite quand j’écris. Pas de censure. Du reste mon éditeur ne m’en impose pas non plus.
Vous avez reçu une éducation stricte ou libérale ?
Une éducation où le sexe n’était pas tabou. On ne parlait pas que de cul mais c’était un sujet qui pouvait être abordé librement.
Le sexe est-il important dans votre vie ?
Oui, beaucoup. Je ne pourrais pas vivre sans sexe. Par contre, je me suis déjà posée la question : est-ce qu’il vaut mieux pouvoir faire l’amour avec des tas d’hommes, ou de femmes, sans jouir ou bien pouvoir jouir seule, sans le contact des hommes et des femmes ? Je n’ai toujours pas trouvé la réponse.
Lorsque vous écrivez, vous ressentez parfois de l’excitation ?
Bien sûr, cela m’arrive. Je ne me surprends pas quand j’écris car je sais que je suis d’une nature très perverse mais je peux être très excitée quand une situation correspond à mes fantasmes.
Dans votre dernier guide, Osez 50 scénarios SM, vous avez déjà réalisé tous les scénarios que vous décrivez ?
Oui ! Quasiment tous.
Des projets ?
Continuer à écrire, évidemment. J’espère aussi pouvoir participer activement au film qui sera réalisé à partir de mon livre Sex in the Kitchen.