La muse s’amuse
7 décembre 2021Léonie, 73 ans, se remémore ses infidélités avec son amant peintre.
Je suis la petite fille d’un grand homme de lettres, dont je tairais le nom et voici mon histoire de sexe. Concrètement, ma famille n’a jamais connu de difficultés et je n’ai jamais vraiment eu à « gagner ma vie ». Cette situation m’a aussi permis de faire un beau mariage très jeune avec un homme, qui, comme moi, était propriétaire de terres et d’appartements, même si, lui, avait une vie plus mouvementée que la mienne car il aimait gérer ses business « par lui-même ». Moi, je préférais faire la fête et m’ouvrir au monde et je me foutais de mes possessions matérielles. Vous l’avez compris, ce n’était pas un mariage d’amour, et très vite, je me suis ennuyée.
Je le dis très pragmatiquement, notre routine était d’un ennui mortel. J’en étais presque arrivée à un état dépressif, je ne trouvais un sens à rien, sortir voir des amies m’ennuyait, je pensais que ma famille était insupportable et je me refusais à faire des enfants. Celui qui m’a vraiment redonné le goût à la vie, c’est Georges. A l’époque, il avait vingt ans, moi aussi, et il pétillait d’intelligence et d’un amour infini et inébranlable pour l’art et la peinture. Je connaissais beaucoup du monde littéraire, de par l’influence de mon grand-père, mais rien à l’art. Il vivait dans une petite piaule parisienne, à Montmartre, aux murs emplis de tableaux. La plupart provenait de lui, mais certains étaient de petits bijoux qu’il avait achetés lors d’une vente aux enchères dont il était très fier. Dès qu’il pouvait mettre de côté, c’était pour ses tableaux. Nous étions donc amant, rencontré chez des amis d’amis, et comme une évidence, il a fait de moi sa muse.
Nous passions de longues heures dans son appartement, où je posais, nue, le cul posé sur une commode, une chaise ou un lit. Certaines positions étaient plus agréables que d’autres, mais Georges veillait du mieux qu’il pouvait à mon confort. Il adorait mes longs cheveux blonds, qu’il déposait parfois, comme une superbe parure, entre mes seins et sur mon ventre. Il disait que les cheveux, c’est comme le cadre d’un tableau, ça met en valeur. Il ajoutait de la feuille d’or, dans tout ce qu’il faisait, et quelque part, il avait raison : mes cheveux dorés étaient ce qui attirait le plus l’œil des spectateurs.
Je me rappelle en particulier d’une séance, très intense, de plusieurs heures, où il avait décidé de peindre, aussi, sur mon corps. Il dessinait partout sur mon corps de très jolis cercles, autour de mes tétons, de mon sexe, dans mon cou. Son pinceau se faisait l’extension de ses doigts et je le laissais me caresser, m’abandonnant totalement à son expertise. Mes yeux s’étaient fermés, presque d’eux-mêmes, et je me concentrais avec beaucoup de précision sur le mouvement de son outil, sur ce que ça faisait dans mon corps. D’agréables chatouilles ? Des émois érotiques ?
J’étais sur un lit, recouvert d’un drap blanc, qui très vite, s’est teinté de rose, de bleu et de vert. Il régnait une odeur de térébenthine dans toute la chambre. Une odeur très forte, que, depuis, j’associe systématiquement au sexe. Je me souviens encore de ses baisers, intenses, appuyés, de son souffle qui voulait aspirer le mien. Ses lèvres, très charnues pour un homme, étaient d’une douceur incroyable et je ne me lassais jamais de l’embrasser à pleine bouche. Je trouvais ces moments très beaux, plein d’une poésie nouvelle. D’ailleurs, je dois vous le préciser, Georges ne m’a jamais pénétrée. Je n’aime pas vraiment ça, je préfère les caresses sensuelles, les baisers, les mains sur mon sexe ou quand je le masturbais, entre mes cuisses – et Georges l’a totalement respecté. C’est lui qui m’a appris qu’il existait une autre façon de faire l’amour, moins brutale, plus axée sur le plaisir. Il m’a aussi dit que l’on pouvait prendre son temps. Je n’avais jamais connu ça avec mon mari.
Avec le temps, nous nous sommes quittés, il a trouvé une femme et lui a fait de charmants enfants. Mais je reste, malgré les années passées, très attachées à lui. Sans son aide, sans son regard, sans son pinceau, je serai peut-être aigrie, voire divorcée. Aujourd’hui, je sais que le mariage est une chose, mais que l’on peut trouver de la beauté un peu partout. J’ai eu d’autres amants, sans jamais en tenir informé mon mari et tous ont su m’apporter une nouvelle étincelle.
Mais celui qui a déclenché le feu, assurément, c’est Georges.
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