Le Breath Play une pratique sexuelle aux risques méconnus

Gwendoline Casamata 18 octobre 2024

Le Breath Play, le Choking ou l’asphyxie érotique est une pratique sexuelle qui consiste à attraper son ou sa partenaire par la gorge pendant l’acte sexuel en vue de décupler son plaisir. Très populaire chez les jeunes, cette pratique, est tout aussi excitante que dangereuse.

Une pratique populaire chez les jeunes

Largement démocratisé dans la pornographie hétérosexuelle, l’étranglement érotique, notamment sur les femmes, est un élément incontournable des sites gratuits.Un rapport récent de l’Arcom sur la fréquentation des sites pornographiques par les plus jeunes fait état de chiffres quelque peu alarmants :  plus de 2,3 millions d’adolescents à consulter chaque mois du contenu pornographique. Et pour certains, cela peut faire office d’éducation sexuelle et normaliser des pratiques tel que l’étranglement.

Selon une étude américaine publiée en 2021 dans la revue Archives of Sexual Behaviour, 58 % des étudiantes interrogées, âgées de 18 à 33 ans, ont admis avoir déjà été étouffées pendant un rapport sexuel. Les auteurs de l’étude ont noté que les participantes avaient découvert la strangulation sexuelle par le biais de diverses sources, notamment la pornographie, les magazines ou livres, les réseaux sociaux et les relations amicales ou sentimentales.

Les films tel que Cinquante nuances de Grey et la littérature du genre dark romance mettent en scène de façon glamour des relations abusives, parfois même violentes sous couvert d’expériences BDSM. Certaines pratiques du genre, tel que le choking, s’en voient ainsi banalisées et s’adoptent dans la chambre à coucher. Sur les réseaux sociaux, la mode est à l’étouffement. L’hashtag #chokemedaddy et des centaines de mèmes populaires se moquent voir, célèbrent l’asphyxie érotique.

Dans les colonnes du Daily Mail, Debbie Herbenick, chercheuse américaine en santé sexuelle, s’inquiète de la popularité grandissante de cette pratique chez les adolescents et les jeunes adultes. « Même historiquement, dans les communautés kinky et BDSM, la strangulation, était considérée comme hors-limites et considérée comme un comportement rare ou de niche, qui ne concernait que peu d’amateurs » explique le docteur Herbenick.

Une pratique qui comporte des risques

Pratiquer le Breath Play, de façon consentie ou non, comporte des risques et la strangulation est cause de certaines blessures : ecchymoses, maux de gorge, douleurs au cou, difficultés respiratoires, nausées ou vomissements. Généralement, les blessures associées à l’étouffement au cours du sexe ne sont pas visibles. Le risque majeur pour les personnes qui pratiquent l’étranglement de manière répétée est de subir des lésions cérébrales se traduisant par des pertes de mémoire et des difficultés de raisonnement. Ces lésions s’accumulent et s’aggravent au fil des étranglements.

Une étude de 2023 publiée dans la revue Brain and Behaviour analyse les effets de cette pratique su le cerveau. Les résultats montrent que les femmes qui ont été étranglées lors de l’acte au moins quatre fois au cours des 30 derniers jours ont connu des changements dans la structure de leur cerveau. Les femmes ayant été étranglées présentaient une épaisseur corticale plus importante dans plusieurs régions du cerveau liées à la reconnaissance des visages, le traitement visuel et la mémoire, que celles qui n’avaient jamais été étranglées. Les hémisphères cérébraux du groupe étouffé étaient eux aussi fortement biaisés, le côté droit étant hyperactif et le gauche sous-performant. Un déséquilibre similaire est associé aux troubles de l’humeur.

Selon l’Académie américaine de neurologie, restreindre le flux sanguin vers le cerveau, même brièvement, peut entraîner des lésions permanentes, notamment des accidents vasculaires cérébraux et des troubles cognitifs. Quelques secondes à peine sans oxygène peuvent suffire à causer des dommages irréversibles et les conséquences peuvent survenir des semaines voire des mois après l’étranglement initial. L’épaississement cortical comme réponse inflammatoire dont font état certaines patientes étranglées est généralement associé à un risque accru de maladie mentale à apparition tardive.

L’asphyxie érotique n’est pas forcément pratiquée à plusieurs. Utilisée seule à des fins de masturbations, cette pratique peut être d’autant plus dangereuse qu’elle est faite sans surveillance. La revue Forensic Science, Medicine, and Pathology répertorie de nombreux cas de morts accidentelle résultant d’une asphyxie auto érotique. L’hypoxie cérébrale, provoqué par un manque d’oxygénation du cerveau, entraînerait un certain degré de désinhibition et renforcerait le plaisir sexuel chez certains individus. Malgré la mise en place de système de sécurité artisanaux pour limiter les risques, la plupart des décès autoérotiques surviennent en raison d’une perte de connaissance rapide.

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