L’odorat de l’amour

Antoine 20 avril 2015

La légende veut que la Reine de Saba ait séduit Salomon avec une simple fragrance. On dit également que Cléopâtre aurait fait parfumer la voilure de son embarcation pour rendre visite à Marc-Antoine, de telle façon qu’elle aurait été annoncée par une odeur envoûtante avant même d’arriver à destination… S’il est parfois plus plaisant de croire aux mythes qu’à la réalité, ces jolies histoires soulignent surtout l’importance d’un sens trop souvent mésestimé : l’odorat.

Nous suons de l’amour

Élément volatile et pourtant capital dans le processus de séduction, la phéromone est une substance odorante subtile qui commence à émaner de notre corps au moment de la puberté. Dans sa composition chimique, elle est proche de l’hormone. Cependant, cette dernière est fabriquée par les glandes endocrines alors que les phéromones sont produites par les glandes de la sudation (ou sudorales). On trouve ces glandes au niveau des aisselles, des tétons, des parties génitales, de la région anale et même du visage.

L’homme est un animal comme les autres

Il y a bien longtemps que les scientifiques ont analysé le rôle des phéromones dans le règne animal. Elles y servent de relais pour signaler un danger, de la nourriture ou, bien entendu, une saillie imminente. Concernant le monde des humains, on peut faire des constats similaires. En effet, selon une logique nataliste, à quoi serviraient les phéromones sans promesse de reproduction ? Dès lors, on comprend pourquoi cette « odeur » fait son apparition à la puberté : la fertilité commence. Avant cela, la sueur ne sent rien. Il s’agit donc bien d’un signal.

Il a aussi été remarqué que les phéromones d’une femme pouvaient facilement traverser une pièce lorsqu’elle était en période d’ovulation, alors que celles d’un homme n’agissaient que dans un cercle intime.

Autre détail insolite qui nous rappelle notre condition animale, ces dames bénéficieraient d’un odorat bien plus fin pendant la période d’ovulation que pendant celle des menstruations… Pour mieux flairer leurs partenaires, naturellement ! Le message de notre anatomie est clair : accouplez-vous au bon moment afin de vous reproduire. Les chercheurs Masters et Johnson ont d’ailleurs noté dans une de leurs études sur le comportement sexuel que 25% des sujets qui connaissaient des problèmes d’odorat perdaient également tout appétit sexuel. Un spray nasal imitant les phéromones des hommes serait d’ailleurs actuellement à l’étude pour lutter contre l’infertilité, réguler les cycles menstruels désordonnés et réduire les effets les plus inconfortables de la ménopause.

Les goûts et les odeurs…

Le saviez-vous ? Dans l’Angleterre Elisabéthaine du 16ème siècle, on échangeait parfois des « pommes d’amour » : une femme pelait le fruit et le gardait sous son aisselle jusqu’à ce qu’il soit imprégné de son odeur corporelle. Elle l’offrait ensuite à son amant qui pouvait ainsi jouir de sa bonne fragrance même en son absence. Toujours dans cet esprit « hygiéniquement déroutant », il existerait aussi une façon bien étonnante de se saluer dans certaines tribus de Nouvelle-Guinée : en se tenant chacun par l’aisselle (et on frotte !)… On le voit, les cultures et les traditions font grandement varier le rapport aux odeurs à travers le monde et l’histoire. Aussi, s’il est toujours plus agréable de faire l’amour avec un partenaire qui sent bon de partout, n’oublions pas que Napoléon aurait un jour écrit à sa Joséphine : « Retour prévu dans trois jours, ne te lave pas. » Au lieu de nous jeter sur ces déodorants (dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils contiennent des aluminiums cancérigènes), ne vaudrait-il pas mieux, parfois, laisser nos effluves corporels embaumer nos proies sexuelles ? Enfin, attention à ne pas les enfumer non plus !

Étiquette:
À propos de l’auteur

Antoine B.


Réagir à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

interstron.ru