Mon amie a été excisée, comment l’aider ?
12 février 2023« Mon amie a été excisée à l’âge de 7 ans. Comme il lui était difficile de s’épanouir sexuellement, nous avons décidé ensemble de faire reconstruire chirurgicalement son clitoris. L’intervention a eu lieu fin août 2007, mais sans succès puisqu’elle ne ressent toujours rien lorsque je la caresse. Quelle frustration ! J’ajoute que la pénétration manuelle ne lui procure pas de plaisir non plus, et que son vagin ne sécrète aucune lubrification lorsqu’elle a envie de faire l’amour. Je suis perdue, je ne sais pas comment lui faire plaisir. Qu’en pensez-vous ? Que pourrais-je faire pour l’aider ? »
L’excision ou la privation de l’accès à la jouissance
L’excision, qui mutile le sexe féminin, perturbe le développement psychosexuel des fillettes. Suite à l’ablation du clitoris, la vulve devient une source de douleurs, de saignements et de peurs, et la toucher se révèle très désagréable. À cet âge, les petites filles ont déjà découvert que le clitoris constitue la partie la plus sensible de la vulve. L’enlever est un acte de privation, qui pousse l’enfant à oublier de toutes ses forces cette zone de son corps.
D’ailleurs, le but de l’excision est de limiter l’accès à la jouissance, et d’annihiler, par la même occasion, l’intérêt sexuel. C’est pourquoi, même après une excision à minima (qui n’ôte que la partie la plus superficielle du clitoris), la plupart des femmes excisées ne ressentent plus de plaisir lors des caresses, quand bien même la part restante du clitoris pourrait le permettre.
Accepter d’avoir le droit de jouir
C’est aussi pour cela que, dans bien des cas, la réparation chirurgicale nécessite un accompagnement thérapeutique. La femme a besoin de se réapproprier sa féminité, tant au niveau corporel (c’est le but de l’opération), qu’au niveau psychologique (apprendre à se sentir complètement femme). Le corps est réparé par la chirurgie, mais le schéma corporel (la façon dont on vit son corps) ne l’est pas… Vous pouvez aider votre amie en lui laissant le temps de redécouvrir et de se réadapter à son sexe réparé.
Vous pouvez également lui suggérer d’assister à des entretiens spécialisés. Elle peut envisager de les entreprendre seule, si elle s’en sent la force. Vous pouvez également lui proposer de l’accompagner. En démarrant une thérapie de couple, qui vous permettrait de mieux comprendre (bien que vous semblez déjà très compatissant et emphatique) ce qu’elle ressent profondément. Les bénéfices d’une thérapie permettraient également à votre compagne de se réapproprier son corps et accepter son droit au plaisir charnel et orgasmique. Ces tristes actes de barbaries sont difficiles à cicatriser. Je pense que votre amie aura besoin d’une épaule solide sur laquelle s’appuyer tout au long de ces démarches et je ne doute absolument pas de vos capacités à l’accompagner et la soutenir.
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