Marine Gandon : 3 témoignages de fétichismes « inavouables »
11 avril 2025Marine Gandon, sexothérapeute-clinicienne à Tours, nous décrypte trois de ses cas « fétichistes » rencontrés en consultation.

Le fétichiste du carré de soie
« J’ai connu un homme dont le fétiche était le carré de soie, au point qu’il voulait être attaché avec. Depuis son adolescence, la découverte de sa sexualité et la masturbation, cet objet l’a toujours accompagné.
Peu à peu, il a essayé de l’intégrer à ses relations, mais cela est devenu un problème dans son couple. Si le carré de soie n’était pas présent, il tombait dans la frustration, voire dans une forme de dépression.
En consultation, j’ai travaillé avec lui pour calmer sa culpabilité et lui permettre de voir sa sexualité de manière plus globale, afin qu’il puisse accueillir aussi les désirs de sa partenaire. Ce qui était frappant, c’était son besoin de contrôle extrême : le carré de soie devait être plié, rangé, esthétique.
En dehors de cette facette, c’était quelqu’un de très organisé, propre sur lui, généreux et ouvert aux autres. Mais tant qu’il n’acceptait pas cette part plus sombre de lui-même, cela restait difficile pour lui.
J’ai aussi constaté que les fétichistes viennent souvent consulter en pensant que leur problème est leur fétiche, alors qu’en réalité, ce n’est presque jamais le cas. Lui, par exemple, souffrait surtout de son hypercontrôle et traversait des crises de frustration cycliques. Nous avons donc travaillé sur la dédramatisation du fétichisme et exploré une approche plus créative de la sexualité.»
Le fétichiste des pieds
« J’ai aussi accompagné un fétichiste des pieds qui éjaculait à chaque fois qu’il voyait des pieds. Pour lui, il y avait une immense répression, une honte énorme, et des réactions totalement incontrôlables. C’était un père de famille, soumis à une pression importante dans sa vie quotidienne.
Son travail en consultation a consisté à comprendre cette honte et à l’aider à retrouver une forme de contrôle sans nier son désir. Comme souvent, le problème n’était pas le fétiche en lui-même, mais la difficulté à l’accepter et à l’intégrer dans sa vie intime sans qu’il devienne envahissant.«
Le fétichiste des culottes blanches
« Enfin, j’ai reçu un homme dont le fétiche portait sur les culottes blanches. Cela semblait lui rappeler l’enfance et relevait presque d’une addiction. Sa partenaire portait systématiquement des culottes blanches, et lui vivait cela comme une nécessité absolue.
C’était quelqu’un de stressé, qui parlait très vite, et qui occupait une bonne position professionnelle. Pourtant, il nourrissait une honte immense. Pendant les séances, il chuchotait presque, tant c’était difficile pour lui d’assumer son désir.
Ce que j’ai observé chez lui – et chez beaucoup d’autres patients – c’est que la honte est souvent le premier frein à une sexualité apaisée. Le travail consistait alors à lui permettre d’explorer différentes façons d’intégrer son fétiche, sans que cela devienne un impératif contraignant. »
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