Viagra récréatif, la dérive

Antoine 17 avril 2015

Une petite pilule bleue après une vodka Red Bull, voire après un poppers ou un ecstasy ; le phénomène n’est pas nouveau et a même été constaté dès la commercialisation du Viagra en 1998. Retour sur cette pratique et ses multiples dangers.

On voit fleurir ces témoignages un peu partout sur le web ou dans les magazines. Des fêtards passent parfois par la case hôpital après avoir ingéré des cocktails médicamenteux hasardeux en discothèque. La logique est la suivante : ils ont avalé de l’alcool, une boisson énergisante et un ecstasy dans la soirée. Ils croient donc se sentir « en grande forme », mais ils ne peuvent que constater que leur pénis, lui, n’est pas au mieux. L’alcool et les substances empêchent leur érection. Ils ajoutent alors du Viagra (ou un médicament concurrent : Cialis, Spedra ou Levitra) à l’équation pour « assurer » avec la personne qu’ils auront rencontrée le soir-même.

Viagra+poppers=cimetière ?

Le problème, c’est que ceux qui consomment ces produits ne connaissent que rarement leurs effets réels sur le corps. Premier exemple évident, le mélange Viagra-poppers a été signalé très tôt comme extrêmement dangereux par les laboratoires et des études ont été réalisées sur le sujet. Il peut induire une baisse importante de la pression artérielle (par excès de monoxyde d’azote) et provoquer une crise cardiaque. Il s’agit de la combinaison potentiellement mortelle la plus connue en relation avec ce type de traitement.

La chamade artificielle

Malheureusement, il se trouve encore des internautes pour décrire les effets soi-disant euphorisants du Viagra. Cet état d’esprit mène les utilisateurs à s’en procurer dans un but dit « récréatif ». Cependant, rappelons tout de même qu’il ne s’agit absolument pas d’un aphrodisiaque. Concernant l’association avec l’alcool, on note également des cas de patients qui ont été victimes d’arythmie cardiaque et de palpitations. Le site Viagra.com précise d’ailleurs que l’alcool ne peut que nuire à la qualité de l’érection et la retarder.

Gare à l’effet inverse

Mais ce n’est pas tout. Une autre calamité menace ces audacieux et négligents adeptes du Viagra récréatif, ils risquent de développer une dépendance psychologique à un produit dont ils n’ont même pas besoin à la base. Comble du comble, certains jeunes patients se retrouveraient ainsi affligés de problèmes d’érection qu’ils n’avaient pas auparavant. Utiliser ce médicament sans dysfonction érectile fait diminuer la confiance en soi et en ses propres performances. En effet, quand on prend le comprimé, l’érection est facilitée, elle arrive plus rapidement. Mais quand on arrête le traitement, l’érection dite naturelle paraît moins aisée et l’engrenage psychologique qui s’ensuit est difficile à enrayer… L’ordinaire semble alors ne plus suffire.

Trop dur !

Plus rare, il existe un dernier fléau auquel s’exposent nos têtes brûlées. Il porte le nom barbare de « priapisme ». Cela signifie que l’érection ne s’arrête plus. Ce syndrome devient très douloureux à la longue. Il peut durer de nombreuses heures et mener à une intervention chirurgicale, voire à une dysfonction érectile permanente. Rien de « récréatif » là-dedans…

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Antoine B.


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