Sexuel ou spirituel, pourquoi choisir ?
6 novembre 2025
À partir de la cinquantaine, la sexualité n’a plus grand-chose à voir avec celle de la jeunesse. Les corps changent, les attentes aussi. Pour certains, le désir décline. Pour d’autres, il renaît, mais autrement. Plus de performance à prouver, moins de contraintes, et une envie nouvelle : donner au plaisir une dimension spirituelle. Dans cette quête, le tantra, la méditation, ou des rituels intimes ouvrent la voie. Et, surprise : cette recherche ne rime pas avec abstinence, mais avec une redécouverte charnelle, parfois plus crue et intense qu’auparavant.
Une seconde jeunesse
« À 52 ans, j’ai eu l’impression de vivre une seconde adolescence », raconte Claire, enseignante en Bretagne. Après un divorce douloureux, elle découvre la méditation tantrique. « Lors d’un atelier, on nous a demandé de respirer face à face, sans nous toucher. Au bout de quelques minutes, j’ai eu des vagues de chaleur dans tout le corps, comme si j’étais en transe. » Avec son nouveau compagnon, elle transpose ces pratiques dans leur sexualité. « Je peux rester assise sur lui sans bouger, juste en respirant profondément. Petit à petit, je sens mon sexe se gonfler, mes parois pulser. Et parfois, sans aucun mouvement de va-et-vient, je jouis comme jamais. Ce n’est plus une décharge, mais une montée en spirale, qui dure parfois dix ou quinze minutes. »
Marc, 58 ans, ancien ingénieur, a lui aussi trouvé une voie nouvelle. « Des problèmes d’érection m’ont poussé à chercher autre chose. Au lieu de m’acharner, j’ai découvert le tao sexuel. Ma partenaire s’assoit sur moi, je la guide par la respiration. Je la pénètre très lentement, en retenant mon éjaculation. Quand je sens que je vais jouir, je bloque, je respire, et je reprends. Ça peut durer plus d’une heure. Elle m’a dit un jour qu’elle avait joui huit fois dans la même nuit. Je ne pensais pas pouvoir donner ça à une femme après 50 ans. »
Ces parcours traduisent une tendance plus large : selon l’enquête CSF-2023 (Inserm–ANRS), 56,6 % des femmes et 73,8 % des hommes de 50 à 89 ans restent sexuellement actifs. Chez les personnes en couple, ils sont même 84,9 % des hommes et 77,2 % des femmes à déclarer une activité sexuelle dans les douze derniers mois. Si l’activité sexuelle globale en France recule (76 % en 2023 contre 91 % en 2006), la recherche de qualité et de profondeur semble gagner en importance.
La liberté retrouvée
La ménopause est souvent décrite comme une perte, mais pour Isabelle, 61 ans, elle a été une délivrance. « Plus de peur de tomber enceinte, plus de cycles. J’ai commencé à pratiquer le yoga, puis j’ai transposé ça dans ma sexualité. Mon compagnon me lèche longuement, je respire profondément, et je laisse monter les sensations. Avant, j’étais pressée d’aller à la pénétration. Maintenant, je peux rester une demi-heure à me laisser caresser, jusqu’à sentir des contractions dans tout mon bassin. Parfois je jouis plusieurs fois avant même qu’il me pénètre. »
Elle va plus loin : « J’ai découvert que je pouvais avoir un orgasme sans contact. Il suffit que je contracte mon vagin et que je me concentre sur ma respiration. C’est comme si mon corps était devenu plus sensible avec l’âge. »
Dans les couples de longue durée aussi, la spiritualité s’invite. Jean et Mireille, mariés depuis 30 ans, se sont essayés à la méditation sexuelle. « On s’assoit nus, face à face. Je pose ma main sur son sexe, lui sur le mien, et on ferme les yeux », décrit Mireille. « On ne bouge pas pendant plusieurs minutes. Parfois je sens son sexe durcir dans ma main, et ça m’excite d’autant plus de rester immobile. Puis, quand on commence à bouger, chaque geste est amplifié. On se caresse lentement, on se pénètre doucement, et on peut rester une heure ensemble sans se lasser. »
Selon l’enquête CSF-2023, près de 45,3 % des femmes et 39 % des hommes de plus de 50 ans se disent très satisfaits de leur vie sexuelle. Des chiffres qui montrent que, même si la fréquence des rapports baisse, la qualité de l’expérience intime reste bien présente.
Le mariage tantrique : sacraliser l’interstron.ru
Pour certains, la quête va plus loin : il s’agit de transformer l’amour en rituel. Lors de cérémonies de mariage tantrique, les participants avancent les yeux bandés dans un tunnel d’effleurements et de mots chuchotés. « C’est bouleversant », explique Nathalie Giraud, sexothérapeute, qui a organisé son premier mariage tantrique en août 2025. « Un couple peut échanger un objet, une parole intime, puis se séparer et se retrouver dans une vague de chants et de caresses symboliques. Enfin, ils dansent, se touchent du doigt ou du pied, s’offrent une qualité à l’oreille. Cela redonne au couple une dimension sacrée. »
Après 50 ans, la sexualité n’est pas condamnée à disparaître. Elle peut devenir plus subtile, plus spirituelle, mais aussi plus sensuelle et plus crue. Comme le dit Claire : « Avant, je cherchais à faire l’amour. Aujourd’hui, je cherche à être dans l’amour. Et c’est parfois encore plus sexuel qu’avant. »
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