Les phobies sexuelles
5 avril 2021Les phobies entachent la vie de ceux et celles qui en souffrent. Quand il s’agit de phobies sexuelles, le problème est amplifié par le silence et le tabou. Il est donc important de savoir les identifier afin de mieux les traiter.
Sueurs, nausées, rythme cardiaque qui s’emballe, difficultés à trouver son souffle ou vertiges sont autant de manifestations incontrôlables pour un phobique. La phobie se caractérise par une peur irrationnelle et majeure en présence du « stimulus », c’est-à-dire, l’objet qui provoque la peur. Cet état peut évoluer vers une attaque de panique si l’objet n’est pas évité. En règle générale, la phobie est considérée comme une pathologie (une maladie) à partir du moment où elle détériore beaucoup le quotidien de la personne qui en souffre et devient invalidante. En ce qui concerne le sexe, les phobies les plus courantes sont liées à la pénétration et au sperme.
Le vaginisme
C’est la contraction involontaire des muscles du plancher pelvien, c’est-à-dire le tiers inférieur du vagin. Ce resserrement survient à chaque approche d’une pénétration vaginale et crée une douleur qui peut être légère, forte ou carrément insoutenable, selon les cas. Les spasmes rendent infranchissable la musculature du bassin et une attitude de fuite s’installe. La personne va se crisper, paniquer. La pénétration est vécue comme un acte de perforation. Mais il s’agit d’un réflexe involontaire. Souffrir de vaginisme complique beaucoup la vie sexuelle de la femme : pas de tampons, pas d’examen gynécologique et bien sûr pas de pénétration vaginale. On appelle cette phobie « primaire » lorsqu’elle survient dès l’adolescence et « secondaire » lorsqu’elle survient après une agression sexuelle, un accouchement ou une dyspareunie mal traitée.
Certains couples parviennent malgré le vaginisme à mener une vie sexuelle faite de plaisirs n’impliquant pas la pénétration vaginale. Ils peuvent toutefois rencontrer de nouveaux problèmes s’ils désirent concevoir un enfant « naturellement ».
Le vaginisme ne doit pas être confondu avec la dyspareunie. Il s’agit également d’une douleur associée à la pénétration, cependant la douleur ne provient pas d’une contraction phobique de la vulve. L’origine de ce trouble peut être d’ordre physiologique : infection, kyste, mycose ou herpès. Il peut également avoir pour origine une souffrance psychologique : stress, traumatisme sexuel, désaccord dans le couple ou rapport sexuel désagréable. Les experts estiment que près d’une femme sur deux peut avoir souffert à un moment de sa vie de dyspareunie. Les chiffres restent cependant hasardeux tant cette douleur particulière reste un sujet tabou. Si la dyspareunie se différencie du vaginisme par ses causes, elle peut parfois y mener.
Apprivoiser la peur
Face à un cas de vaginisme, le thérapeute va chercher à maîtriser la peur inconsciente par des techniques diverses telles que l’analyse, la relaxation ou l’hypnose. Au cours d’exercices et après une période pendant laquelle il sera demandé au couple de cesser tout rapport sexuel. La femme sera invitée à toucher la zone à traiter, à la (re)découvrir. Elle apprivoisera son propre corps et inclura progressivement son partenaire. Une thérapie de couple sera parfois proposée. Dans certains cas ultimes non-traités, la femme se désintéressera progressivement de toute activité sexuelle et le partenaire pourra développer des troubles tels que l’impuissance ou l’éjaculation précoce.
La spermophobie
On appelle spermophobie ou spermatophobie la peur panique du sperme. Elle touche surtout les femmes et peut avoir des racines psychologiques liées à des abus sexuels, à un dégoût des hommes ou à une conception négative de la sexualité. Elle peut également avoir des origines physiologiques telles que le vaginisme ou l’absence de désir. La spermophobe ne supporte pas d’être mise en présence du sperme, ce stimulus déclenche chez elle une attaque de panique. Les désirs de relations hétérosexuelles ou de grossesse deviennent dès lors très compliqués, voire compromis. Certains sujets peuvent donc rencontrer une grande détresse émotionnelle.
Le préservatif… préserve !
Les études concernant cette affliction sont rares et les résultats varient, mais une consultation en sexologie est recommandée. En début de traitement on utilisera le préservatif pour limiter le contact avec la substance. Il convient ensuite d’adapter la sexualité du couple aux limites de chacun des partenaires. Le thérapeute va expliquer la composition du sperme et insister sur son caractère inoffensif. Il rappellera également le fonctionnement de la grossesse.
L’aversion sexuelle
Les asexuels ne ressentent pas le besoin de s’engager sexuellement. Il s’agit d’une orientation sexuelle reconnue depuis les années 1970. Elle est à différencier des phobies sexuelles, même si elle peut y être liée. Le corps médical parle aussi d’aversion sexuelle ou de « désir sexuel inhibé ». Les personnes qui en souffrent ne ressentent qu’un désir amoindri pour le sexe, voire un dégoût profond. Les causes peuvent être hormonales, psychologiques (dépression, abus sexuel…) ou liées à des problèmes de couple (manque d’intimité émotionnelle manque de communication…).
Les câlins, ce n’est pas que du sexe
Il est conseillé de réserver un temps d’intimité non-sexuelle au sein du couple. Les partenaires sont amenés à détacher l’affection du sexe. On apprend qu’on peut exprimer son affection autrement. Le sexe devenant un instant privilégié, il perd son caractère obligatoire. Certains thérapeutes proposeront aussi aux patients de visionner des films romantiques ou pornographiques. La littérature érotique et les massages pourront également faire partie de l’arsenal vers une sexualité épanouie. Enfin, les partenaires seront invités à rentrer plus tôt du travail, car le manque de temps contribue au manque d’intimité.
La dysmorphophobie
C’est la crainte obsédante à tort ou à raison de se sentir malformé. Dans le cas d’une dysmorphophobie sexuelle, le patient (souvent un sujet masculin) sera très complexé par la taille ou l’aspect de son sexe et cela se répercutera sur sa vie sexuelle. Certains iront jusqu’à tenter l’auto-chirurgie ou le suicide pour remédier à leurs problèmes. Les symptômes commencent avec un temps exagéré passé devant le miroir ou des pratiques rituelles compulsives pour couvrir les supposés défauts.
Nul besoin d’un gourdin
Le thérapeute prescrira parfois des antidépresseurs. Certains hommes choisiront de faire allonger ou élargir leur pénis chirurgicalement. On peut rappeler que les principales zones érogènes de la femme se trouvent à seulement quelques centimètres de l’entrée du vagin et que la taille du pénis n’a aucune incidence sur la fertilité.
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