La sexualité chez Disney : un sujet tabou ?

Nanou Redacteur 8 avril 2022

Après une lettre ouverte de Pixar contre Disney, une scène de baiser lesbien préalablement censuré a pu être réintégré au montage final. Pourquoi ? On vous explique

En mars, Pixar publiait une lettre ouverte à l’encontre de Disney (la maison mère). Le studio accusait son propriétaire de le censurer, notamment sur les thématiques sexuelles et d’orientations sexuelles. La ligne éditoriale a cependant été bougée par les récentes lois anti-gays en Floride.

Comment ? On vous explique !

Pixar un studio ostracisé ?

Depuis le début de la pandémie, Disney a opéré un changement dans sa programmation. Voulant s’affranchir des distributeurs, le géant américain a lancé sa plateforme Disney+ pour y mettre ses créations. Toutes ? Non. La plateforme ne suffit pas en exposition pour rentabiliser des « gros » projets.

Les « gros » films, c’est-à-dire les Marvel et les productions Disney classiques trouvent une voie vers le cinéma quand les autres productions sont expédiées en ligne afin d’alimenter le catalogue de la plateforme. Pixar avait notamment exprimé un sentiment de trahison lorsque le film Soul ou même plus récemment Alerte Rouge n’étaient visibles que sur Disney+ alors qu’En Avant et Encanto ont été au cinéma.

Une tendance semblait alors se dessiner :

  • Soul, un film qui aborde la mort : sur Disney+
  • Luca, 2 « amis » potentiellement gays : sur Disney+
  • Alerte Rouge aborde les menstruations pour les jeunes : sur Disney+
  • Encanto parle des valeur de la famille : au cinéma.

Les sujets sensibles semblaient être soit censurés soit expédiés sur la plateforme et donc moins visibles qu’au cinéma. Mais la polémique floridienne a rebattu les cartes.

« Don’t say gay«

Ron De Santis, sénateur de Floride, a validé la loi « Don’t say Gay » qui interdit la mention des genres et sexualités non-normatives à l’école.

« L’enseignement en classe par le personnel scolaire ou des tiers sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ne peut être fait de la maternelle à la troisième année (équivalent du CE2) ou d’une manière qui n’est pas adaptée à l’âge ou au développement des élèves conformément aux normes de l’État.  » peut on lire dans l’article de loi.

Pixar a profité de l’occasion pour remettre en avant une censure subie par sa maison mère : « Presque chaque instant d’affection ouvertement gay est coupé par Disney, même quand les équipes créatives et de production de Pixar s’y opposent. (…) Même si la création de contenu LGBTQIA+ est la réponse à la législation discriminatoire, il nous est interdit de le créer. »

La production aux grandes oreilles aurait décidé de réautoriser une scène de baiser lesbien dans « Buzz l’Eclair » qui sortira prochainement.

Pourquoi une telle frilosité ?

Disney n’est pas le seul studio à censurer des œuvres. Netflix ou encore HBO Max (Warner) ont déjà coupé des scènes tendancieuses. Parfois, les acteurs redoublent des scènes pour enlever des insultes (Birds of Prey, sur HBO Max), parfois des scènes de sexe disparaissent du montage final (Blonde, Netflix). Mais alors pourquoi les studios sont-ils si frileux à montrer du sexe ou des orientations sexuelles différentes ? Les majors deviennent-elles puritaines ?

Aujourd’hui, les grands producteurs doivent composer avec les politiques d’autres pays et certains d’entre eux voient d’un très mauvais œil l’apparition de sexe à l’écran ou « pire » de couples non-hétérosexuels.

La Chine, par exemple, avait bénéficié d’un montage particulier pour Star Wars 9 qui effaçait un baiser LGBT… Bien que Marvel (Disney) ait fait l’impasse sur le marché chinois pour les Eternels (qui contient un couple gay), il peut être compréhensible que le géant américain ne veuille pas se priver d’1.4 milliards de spectateurs potentiels à chaque film !

La polémique sur son propre terrain a poussé le studio à remettre en avant des sujets délaissés : une petite victoire pour les communautés LGBT et la liberté de Pixar.

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