Le tickling : quand la chatouille devient érotique !
10 mars 2017« To tickle » en anglais signifie chatouiller. Au-delà des innocents « guilis-guilis », le « tickling » est bel et bien une pratique sexuelle qui compte de nombreux adeptes dans le milieu BDSM. Reflexe « forcé », appréhension du toucher, douce torture, cette séance de chatouille « imposée » fait souvent sourire les plus grands qui y voient encore des jeux d’enfants. Et pourtant…
Par Mickael McMurran
Très chatouilleuse, Marie, 32 ans, confie « J’aime le tickling. Je prends un réel plaisir à me faire attacher et torturer pendant de longues minutes, cela m’excite de me sentir soumise à ces sensations ».
Pour elle, se soumettre à ce supplice, n’est pas qu’un préliminaire pour pimenter sa vie sexuelle.
« J’aime ce jeu, j’aime la sensation, en revanche, je n’aime pas la douleur. Donc c’est vraiment le ressenti qui me plaît. D’abord c’est drôle, on rit, et puis, aussi insoutenable que cela puisse paraître, au final cela détend. »
Un bon chatouilleur a de bons outils
Si l’on pense en premier lieu à utiliser les doigts et la langue (et personne ne s’en plaindra), quelques outils supplémentaires peuvent apporter du « piquant » à votre séance. Pour les personnes très sensibles, le simple toucher d’une plume peut être
suffisant. Pour les plus coriaces, la brosse à cheveux, ou encore la brosse à dent peuvent s’avérer redoutables. N’hésitez pas à fouiller dans les tiroirs à la recherche d’objets surprenants ou créatifs, votre partenaire n’en sera que plus étonné !
Pour amplifier les sensation ressenties par votre partenaire, vous pouvez y ajouter quelques liquides. L’huile de massage est la solution la plus simple, mais de l’huile d’amande douce peut tout aussi bien faire l’affaire. Badigeonnez la plante des pieds de votre partenaire avec cette huile, en plus de la sensation de chatouilles, il aura la peau hydratée ! Une pratique sexuelle deux en un, c’est le pied, non ? Pour la petite histoire, la plus ancienne pratiquante de ce fantasme aurait été la reine égyptienne « Hatchepsout » (1508-1457 av. J.-C.), cinquième souveraine de la XVIIIe dynastie de l’Égypte Antique. Elle demandait à ses eunuques de la chatouiller sous la plante des pieds avec des plumes d’oies.
> Idée cadeau :
Tickler et ticklee
Sur la majorité des personnes interrogées, les « ticklee » (chatouillés) étaient essentiellement des femmes et les « tickler » (chatouilleurs), des hommes.
Certaines affirment qu’elles ne connaissaient pas cette pratique avant la rencontre de leur partenaire, et cela les effrayait un peu… avant d’y prendre un grand plaisir ! Quant aux hommes, ils confesseront progressivement que ce fantasme est en grande partie une extension un brin sadique de leur fétichisme n° 1 « le fétichisme des pieds féminins ». Il n’est d’ailleurs pas rare que ces deux fantasmes (fétichisme des pieds et domination) s’entremêlent.
Bien qu’elle satisfasse les deux sexes, le « tickling » est une pratique qui souffre encore d’une méconnaissance du grand public. Les adeptes ont parfois du mal à se faire comprendre, à ne pas passer pour des « marginaux ». C’est le cas d’Alain, tickler de 44 ans : « Aimer les pieds pour certaines personnes, c’est déjà une déviance. On vous regarde d’un mauvais œil. Si en plus vous dites que les chatouilles sont un jeu érotique, il va falloir partir dans des explications qui dureront des heures ! À force c’est fatiguant, voilà pourquoi personnellement je n’en parle que très peu ».
D’après un sondage Fetlife « Est-ce que les chatouilles sont pour vous érotique ? » 73 % des femmes réfutent, 18 % répondent que cela dépend avec qui, et 9 % affirment que oui. Les hommes obtiennent grosso modo les mêmes résultats 70 % non, 19 % cela dépend avec qui, et 11 % oui.
Pour les hommes « ticklee », beaucoup plus rares dans la communauté, le plaisir ressemble à celui de la soumission. Lors d’un entretien Dylan, 28 ans, nous a confié « En réalité ce n’est pas tant la sensation de chatouille qui me plaît, c’est avant tout que ma copine puisse profiter de moi comme elle l’entend. J’aime me laisser faire par une femme, qu’elle ait tous les droits sur moi. Un jour, elle m’a parlé du tickling, et je n’aurais jamais cru que cela pouvait m’exciter. Et pourtant le simple fait qu’elle pose ses doigts sur moi, alors que je suis attaché, je la sens très dominatrice, et cela me plaît ».
> A lire aussi : ASMR, l’orgasme cérébral
Tickle érotique ou torture : il faut choisir !
Il y a une différence entre le tickle érotique, et le tickle torture. Dans le premier cas il s’agira de simplement déclencher des sensations agréables. Yasmina, 18 ans témoigne timidement : « J’aime me faire chatouiller lentement, ça m’émoustille, mais si j’étais
attachée et que je n’avais pas la possibilité d’arrêter ce jeu, ça me serait insupportable ».
Par extension, le tickle torture est une pratique qui sort de l’agréable, où la contrainte entre en jeu ! (Attention dans ce cas-là à bien se mettre d’accord sur un safeword, un mot-clé permettant de tout arrêter quoiqu’il arrive). L’objectif est de dépasser sa limite physique pour que le mental prenne le dessus et déclenche une avalanche d’hormones.
Marie ajoute : « J’ai l’impression d’avoir une décharge d’endorphine et de sérotonine d’un coup, en fait j’arrive très vite à ce que l’on appelle un subspace, c’est-à-dire un état de lâcher prise total ! Un bon gros trip si vous préférez ! »
Ce petit jeu coquin porte le nom scientifique de knismolagnie. Alisson, 24 ans et étudiante en sexologie, explique que le plaisir qui en est retiré serait algédonique : l’excitation sexuelle est en rapport direct avec le « douleur-plaisir » qui en découle, et très rarement avec le simple rapport de domination/soumission. « Il y a plusieurs échelles dans le toucher. Prenez par exemple l’air. Vous ne le sentez pas, sauf si on vous souffle dessus. Ensuite arrive bizarrement les chatouilles, qui est un toucher léger, le corps ne sait pas comment il doit réagir car nous sommes à la limite de la caresse et du souffle. Puis viennent les caresses qui sont plus franches et pour notre cerveau, plus communes et agréables, à condition bien sûr qu’elles soient consenties. Un cran au-dessus, le massage est plus appuyé, mais a pour effet de relaxer, parfois même d’exciter. Il y a encore plusieurs échelons avant d’arriver au stade de la douleur, et dans ce cas notre corps et notre cerveau disent clairement STOP ! »
Si ce fantasme peut se vivre à travers des sites de vidéos professionnelles, une chose est sûre ; quand il est effectué entre partenaires complices, tous confirment qu’ils les rapprochent et qu’ils augmentent leur intimité !
(Image à la une : Getty Images / )