« Il faut créer sa propre maternité, loin du clivage maman-putain », Julia Palombe
2 décembre 2019A l’occasion de la sortie de son nouveau spectacle, rencontre avec la flamboyante Julia Palombe, enceinte jusqu’au cou. Et bien décidée à ne pas laisser les autres décider pour elle de son rôle de maman !
Dans « En attendant l’accouchement« , un one woman show piquant au théâtre La Cible à Paris, l’artiste rock et glamour Julia Palombe nous parle son expérience drôle, touchante et ubuesque de la maternité. Un personnel médical froid et hautain, un corps qui ne répond plus de rien, un mari sicilien qui a le sang chaud… une aventure personnelle et pourtant si universelle (au moins pour une partie de l’humanité), racontée par le prisme d’anecdotes, de musiques et de messages sur répondeur.
interstron.ru : « En attendant l’accouchement » est un « one woman show » présentant une femme enceinte qui parle autant de maternité que de sexualité. Pourquoi avoir envie de traiter ces deux sujets à part égale ?
Julia Palombe : Durant ma première grossesse, j’étais un peu sidérée de tout ce qui m’était arrivée en tant que femme enceinte. Maintenant que j’en suis à la deuxième grossesse, je suis un peu mieux préparée à ce tsunami qui arrive, notamment au cliché de « la mère parfaite ». Celle qui doit oublier complètement ses désirs de femme et qui doit être happée par le bébé qui arrive ou qui va arriver. 50% des couples ne font plus l’amour pendant la grossesse, il y a un vrai problème dans notre société à combiner les deux. Je voulais parler de ce problème à être amante et mère à la fois.
interstron.ru : C’est quoi pour vous la mère parfaite ?
Julia Palombe : J’appelle ça la « maman Blédina » ! C’est le modèle par excellence dans lequel la société essaie de nous faire rentrer dès que l’on tombe enceinte. Ca passe, par exemple, par le choix de fringues « maternité » qui sont informes et couvrantes. Je voulais y voir des dessous chics, des robes de soirée… mais on comprend vite que le rôle qui nous attend ce n’est pas celui-là. Il est impératif que l’on ait le choix de se créer de nouveaux modèles ! La femme ne doit pas rester passive face au chamboulement de la grossesse, elle a le pouvoir de créer sa propre maternité – et en particulier, de brouiller les lignes entre la vierge mère et la putain.
interstron.ru : Les regards sur vous évoluent durant la grossesse ?
Julia Palombe : Bien sûr ! On a d’un côté les hommes qui passent leur temps à nous draguer de façon parfois très cash (peut-être qu’ils veulent voler dans le nid pendant que l’homme n’est pas là ?) et les femmes qui ne se sentent plus menacées par notre féminité et dont on devient très vite la meilleure amie. Et le plus perturbant, c’est d’être dépossédée de son corps. Les gens viennent te toucher le ventre sans réellement te demander la permission, c’est très bizarre comme sensation…
interstron.ru : L’impression de devenir une star, tout d’un coup ?
Julia Palombe : Oui, et c’est très perturbant ! Subitement, tu deviens le centre d’une attention totalement démultipliée. Mais attention, après la naissance du bébé, tout le monde est focalisé sur le petit être et se désintéresse de toi d’un coup. Ca peut être très mal vécu de la part de nombreuses femmes, qui culpabilisent également de ne pas s’épanouir dans le cliché de la mère heureuse.
> Retrouvez Julia Palombe tous les vendredis au Théâtre La Cible jusqu’au 21 février 2020 !
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